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16/02/2013

Ginevra Bompiani

Bloc-Notes, 16 février / Thonon-les-Bains

Ginevra Bompiani.jpg

La première scène du roman de Ginevra Bompiani, nous introduit par la voix de Lucy, une fillette accompagnant sa tante, dans l'hôtel d'une station thermale qui pourrait ressembler à n'importe quel autre, sauf que celui-ci se trouve être le plus laid de tous et ressemble à un hôpital pour personnes en bonne santé. Quatre personnes vont s'y côtoyer. Outre la petite qui s'ennuie et tante Emma joyeuse dès qu'elle voit quelqu'un, Lucy nous présente Lucia et Giuseppina, deux femmes dont l'une boite tandis que l'autre tangue!

Au cours de ce séjour dans la station, elles vont apprendre à se connaître toutes les quatre, livrant peu à peu quelques secrets de leur existence et - qui sait - en échafauderont d'autres... Présenté en quelques phrases ou extraits de dialogues, on serait tenté de décréter que nous sommes au coeur d'une sempiternelle comédie à l'italienne. Pas si sûr, car une fois le décor planté et les personnages fondus dans le quotidien, une gravité mélancolique les couvrira de son aile dans ce lieu de cures magiques où on soigne dans le corps ce qui est malade dans l'âme et qui donne l'impression de faire un petit pas en arrière pour que le présent trébuche de nouveau dans le futur.

Ginevra Bompiani cerne avec beaucoup d'acuité, dans Une station thermale, cet univers de bien-être qui consiste à s'enfermer dans un cocon et faire semblant que le monde n'existe pas: C'est bizarre que cette chose que tout le monde fait, une chose si commune, personne n'y arrive... Vieillir. Et, derrière les masques qui se lézardent, perce l'anxiété commune déclenchée par la solitude affective, la résistance au changement, la crainte de la maladie et pire, peut-être. Ce qui n'effleure pas Lucy qui, pour tromper la monotonie des jours, espère bien ne pas s'en aller sans avoir percé les secrets des unes et des autres - ce serait comme jeter un roman policier qu'on n'a lu qu'à moitié - et confié au lecteur les siens.  

Dans ce petit monde frivole en apparence, exclusivement féminin - à l'exception de quelques pages consacrées à l'autrefois séduisant Stefano - Ginevra Bompiani, comme seule une femme sait le faire, appréhende à merveille ce mystère du corps où, derrière la faiblesse, la fragilité et les fissures de la vie se nichent en révélateurs, ces signes qui peuvent, au-delà de la beauté formelle, dissoudre les blessures intimes et réserver des moments de fête, de tendresse - voire d'amour - innatendus.   

Et le désespoir, on s'en passe, conclut Lucia... 

Fille de l'éditeur Valentino Bompiani, Ginevra Bompiani, née en 1939 à Milan, est écrivain, éditrice chez Nottetempo à Rome, enseignante et traductrice: entre autres de Antonin Artaud, Louis-Ferdinand Céline, Marguerite Yourcenar et Gilles Deleuze. Parmi ses oeuvres traduites en langue française, mentionnons Les règles du sommeil (Verdier, 1986), Ciel ancien, terre nouvelle (L'Arpenteur, 1990) et Le grand ours (Stock, 1995). 

Ginevra Bompiani, La station thermale (Liana Levi, 2013)

23:05 Écrit par Claude Amstutz dans Bloc-Notes, Littérature étrangère, Littérature italienne | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

12/02/2013

Valérie Tong Cuong

images.jpgValérie Tong Cuong, Providence (Stock, 2008)

 

Un grain de sable suffit parfois à bouleverser une vie. Tel est le propos entretenu par les personnages de ce roman qui, tous – Marilou, Albert, Tom et Prudence - vont être confrontés à l’irrémédiable. Ecorchés vifs, paralysés par le passé ou réduits à la solitude, le destin va pourtant bousculer leurs certitudes. Agréable, léger, tonique comme les bulles d’un champagne imprévu, ce roman choral à quatre voix s’inscrit dans les préoccupations de notre temps, sans noirceur ni stéréotypes inutiles. Un moment de bonheur!


Egalement disponible en format de poche (J'ai Lu, 2010)  

07:39 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

09/02/2013

Markus Zusak

9782266171045.gifMarkus Zusak: La voleuse de livres (Pocket Jeunesse, 2007)

 

 La Mort vous raconte une histoire : La deuxième guerre mondiale dans l’Allemagne nazie, au cœur de la famille Hubermann et de leur petite fille adoptive, Liesel, qui cherche à comprendre le monde qui l’entoure, apprend à lire pour conjurer le sort, et dont la Mort voudrait bien, mais sans parvenir à s’en emparer. Un récit bouleversant d’humanité pour adolescents et adultes qui célèbre l’amour de la lecture, de la solidarité entre les hommes, avec infiniment de poésie et d’originalité.

06:53 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

03/02/2013

Julio Cortazar

9782070291342.gifJulio Cortazar, Marelle (Coll. Imaginaire/Gallimard, 1979)

 

Marelle est une sorte de capitale, un de ces livres du XXe siècle auquel on retourne plus étonné encore que d'y être allé, comme à Venise. Ses personnages entre ciel et terre, exposés aux résonances des marées, ne labourent ni ne sèment ni ne vendangent : ils voyagent pour découvrir les extrémités du monde et ce monde étant notre vie c'est autour de nous qu'ils naviguent... (Florence Delay)


L’originalité de ce roman tient à sa construction littéraire. Il peut être lu de la première à la dernière page, ou alors selon un ordre suggéré par l’auteur à la page 7: Une spirale sans fin... Méditation sur le temps, la vie, l’amour et le Paris des années 50, ce roman hantera longtemps votre mémoire, de même que son personnage central, Sybille, sublime!

08:12 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Littérature sud-américaine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

25/01/2013

Rabindranath Tagore

9782843044410.gifRabindranath Tagore, Chârulatâ (Zulma, 2009)

Avec La maison et le monde, voici sans doute le plus beau roman de ce Prix Nobel de Littérature. Un superbe portrait de femme, à la fin du XIXe siècle, oscillant entre le conservatisme lié à son appartenance sociale et la modernité par son ouverture à la culture et l’expression littéraire. Outre une histoire d’amour délicate entre l’épouse Chârulatâ, le mari Bhupati et le frère de ce dernier, Amal, la critique sociale est omniprésente dans ce texte précurseur. Magnifiquement adapté au cinéma en 1964 par Satyajit Ray.

07:16 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

21/01/2013

Jean Echenoz 1a

Bloc-Notes, 21 janvier / Les Saules

Jrean Echenoz.jpg

Dans un entretien accordé à Eléonore Sulser, dans Le Temps du 10 octobre 2012, voici ce que Jean Echenoz confie à propos de 14, son dernier livre: J'avais envie de revenir à la fiction, à un projet de roman que j'ai depuis quatre ou cinq ans. Mais un incident s'est produit. Je suis tombé sur des carnets de guerre en aidant quelqu'un qui m'est très proche à ranger des papiers de famille: six petits cahiers, carnets de guerre d'un grand-oncle, parti le jour de la mobilisation et resté soldat jusqu'en 19. J’ai commencé à les lire, puis à les transcrire. Il fallait déchiffrer tout cela, j’ai travaillé sur des cartes, pour vérifier des orthographes de lieux, des parcours, etc. Puis je me suis demandé ce qui se passait au juste pendant ce temps-là, sur le plan de la guerre elle-même et de la politique internationale. J’ai lu des travaux d’historiens, d’autres carnets, des romans sur la Grande Guerre; j’ai regardé des archives filmées. Les six carnets, eux, parlaient surtout du temps qu’il fait – ce qui compte quand on est à la guerre –, des corvées, très peu des combats sans doute par pudeur ou par peur de la censure, je ne sais pas. A partir du point de vue très humble d’un homme parmi des millions plongés dans cette affaire, je me suis immergé dans la Grande Guerre. Et est arrivé un moment où j’ai eu envie d’inventer des personnages et de revenir à la fiction par ce biais-là.

Toute l'histoire commence avec Anthime - le personnage central de ce roman - quand, une certaine journée d'août, il entend les cloches qui, tout alentour sonnent à l'unisson dans un désordre grave. Le tocsin, pour être plus précis, signe de la mobilisation. Le voici parti sous les drapeaux, avec Charles - son frère aîné et fiancé de Blanche -, Bossis, Arcenel et Padioleau. Cinq hommes et une femme, Blanche, qui attend le retour de deux d'entre eux, Charles et Anthime, conservant dans son bureau les lettres et cartes postales qu'ils lui envoient régulièrement, rangées en piles serrées par des rubans aux couleurs opposées dans des tiroirs distincts.

Jean Echenoz a le souci de ne pas vouloir réécrire l'histoire, mais de souligner le quotidien de ces hommes, accablés de faim, de froid, de fatigue, de peur, au point d'espérer une blessure de guerre honorable ou choisir la désertion pour être soustraits à l'horreur sous ces pluies de bombes mêlées aux gerbes de sang qui les entoure. Tout a été décrit mille fois, peut-être n'est-il pas la peine de s'attarder encore sur cet opéra sordide et puant. Peut-être n'est-il d'ailleurs pas bien utile non plus, ni très pertinent, de comparer la guerre à un opéra, d'autant moins quand on n'aime pas tellement l'opéra, même si comme lui c'est grandiose, emphatique, excessif, plein de longueurs pénibles, comme lui cela fait beaucoup de bruit et souvent, à la longue, c'est assez ennuyeux.

Un récit fulgurant dont le style épuré, semblable à un film de Robert Bresson, évite toute pesanteur, tout excès. Et quand tout pourrait basculer dans le mélodrame, Jean Echenoz parfois, d'une pirouette, nous en éloigne par un humour de situation particulier qui articule ces épargnés au jour le jour, dont le rire extravagant ou dérisoire résonne tel un entr'acte avant l'appel des manquants.

Pendant ce temps, au village où ne demeurent que les femmes, les enfants et les vieillards, Blanche, qui a donné naissance à une fille prénommée Juliette, fruit de son amour partagé avec Charles, attend. Qui donc, le moment venu, lui reviendra?

Si vous ne l'avez déjà fait, lisez vite 14 de Jean Echenoz, car à une émotion sourde qui agrafe le lecteur dès les premières lignes pour ne plus le quitter, s'ajoute le plaisir de lire un roman sobre, abouti, dont la langue précise et chaleureuse malgré la gravité du temps, traduit une sincère empathie de l'auteur pour ces anonymes de la Grande Guerre.

Comme je l'ai mentionné autrefois à propos du livre de Philippe Claudel, Le rapport de Brodeck - dont la toile de fond est la seconde guerre mondiale - le propos de Jean Echenoz touche à l'universel, et à ce titre, son roman mériterait, lui aussi, d'être inscrit au programme des lectures scolaires...      

Jean Echenoz, 14 (Minuit, 2012)

Philippe Claudel, Le rapport de Brodeck (coll. Livre de poche/LGF, 2009)

Eléonore Sulser, Article et entretien avec Jean Echenoz / 10 octobre  2012 (letemps.ch)

03:55 Écrit par Claude Amstutz dans Bloc-Notes, Littérature francophone, Philippe Claudel | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

07/01/2013

François Mauriac

littérature; roman; livresFrançois Mauriac, La fin de la nuit (Coll. Livre de poche 2004)

 

Dans son appartement parisien, Thérèse Desqueyroux s'apprête à affronter la solitude d'un samedi soir. Sa fille Marie, âgée de dix-sept ans, qu'elle n'a pas vue depuis trois ans surgit de façon inopinée.

 

Marie, qui est partie sans prévenir sa famille, évoque avec ironie les difficultés financières des Desqueyroux : Bernard son père, et sa grand-mère, subissent le contrecoup de la débâcle de la résine. Puis elle exprime sa révolte par rapport à l'univers étouffant de son entourage et manifeste sa solidarité avec sa mère qui a su tout quitter...


Ce texte, un peu injustement oublié, est le prolongement de Thérèse Desqueroux, probablement le plus beau personnage créé par son auteur, image vacillante d’un cœur tourmenté, épris de liberté, rebelle dans un milieu conformiste et hypocrite.

 

Je n'ai pas voulu donner dans La fin de la nuit une suite à Thérèse Desqueyroux, mais le portrait d'une femme à son déclin, que j'avais peinte déjà du temps de sa jeunesse criminelle. Il n'est aucunement nécessaire d'avoir connu la première Thérèse pour s'intéresser à celle dont je raconte ici le dernier amour. (François Mauriac)

09:18 Écrit par Claude Amstutz dans François Mauriac, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : littérature; roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

26/11/2012

Daniel Fazan

Bloc-Notes, 26 novembre / Les Saules

Daniel Fazan.jpg

Paul est vigneron, quelque part dans le Dézaley vaudois. Depuis de nombreuses années, il ne supporte plus sa femme Roberte qui a coupé les sarments de sa tendresse, porte le phylloxéra du couple et se défoule avec des mots assassins pour oublier qu'elle n'a plus sa place auprès de lui, rageant de savoir qu'elle ne trouvera plus chaussure à son pied, ailleurs, selon toute vraissemblance. Délaissée, Roberte? Plutôt deux fois qu'une puisque Paul refait sa vie avec... Roger, un vigneron comme lui, qui a des mots rares, jolis comme un coquelicot d'octobre quand on ne l'attend pas au pied d'un cep.

Et tandis que Roberte déverse ses rancoeurs auprès du pasteur Borda - dont la rumeur populaire dit que le fils partagerait la même ambiguïté que son mari -, Paul se raconte à Madame - sa psy -, lui parle de Roger, de sa noblesse terrienne d'aristocrate, de ses silences qui laissent pousser la vie, de sa beauté comme la vendange du siècle. L'alcool - une pause dans la cruauté ambiante d'une Roberte qu'il préfère floue - est aussi au programme de Paul qui compte bien réussir sa cure de désintoxication et se contenter de fantasmer sur un nettoyage des dents au chasselas, pas avalé, un peu comme le dentrifice!

Beaucoup d'humour, donc, dans ce Millésime, mais comme dans son précédent récit Vacarme d'automne, Daniel Fazan règle ses comptes avec l'hypocrisie, le conformisme et la médiocrité. Le décor s'y prête et parmi ses plus belles pages figurent celles consacrées au village de Paul, perché au milieu des vignes: Les maisons se sont agrippées les unes aux autres dans l'impossibilité de prendre de la distance. Il n'y en a pas. Cette communauté est jalouse de tout, des autres, de ses avoirs en plus. Chaque cep est connu de tous, chaque mètre vaut son pesant de bouteilles. On n'a plus besoin de policer qui que ce soit, la police locale c'est chaque habitant qui l'incarne. (...) Ici on économise tout, surtout les mots.

Provocateur avec ce sujet délicat de l'homosexualité rurale et de l'alcoolisme, Daniel Fazan sait à merveille réveiller sa tendresse d'insoumis et son amour des beautés qui l'environnent à travers ce roman dont le personnage principal est, bien sûr, la vigne: Une vigne, c'est une image vivante et souvent arrêtée. Et ce ciel jamais lassé de se regarder dans l'eau, cette eau jamais agacée par ces nuages qui font les malins. Cette eau que remuent les vents pour en mélanger tout le mystère. Les poètes ont marché sur ma terre, les musiciens ont joué ce spectacle, à lui seul un opéra silencieux.

Ailleurs, Paul médite sur ce plus bel endroit du monde: Je suis fragilisé par l'étreinte, presque mortifère du paysage protégé, étroit comme une image cernée par une fenêtre de la dimension d'une meurtrière de château-fort qui regarde l'espace sublime et changeant d'un lac capricieux et solitaire, parfois morne, proche de l'ennui. Je me sens prisonnier de mes devoirs, de mes voisins, des avis saturés d'incompréhension alors que j'aspire à la tendresse.

Et cette tendresse, Paul la trouvera auprès de Roger, et la scellera avec cette force de vie qui devrait lui permettre, un jour, de bien mourir... Millésime est une lecture tonique et pétillante, comme cette vigne sur laquelle baigne parfois une lumière cruelle, mais qui répand de même sur nous une brise légère qui parle d'amour et incline à la bonne humeur!  

Daniel Fazan, Millésime (Olivier Morattel, 2012)

Daniel Fazan, Vacarme d'automne (Olivier Morattel, 2011)

image: Daniel Fazan (rts.ch)

00:35 Écrit par Claude Amstutz dans Bloc-Notes, Littérature francophone, Littérature suisse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

09/10/2012

Philippe Claudel

littérature; roman; livresPhilippe Claudel, Meuse l'oubli (Coll. Folio/Gallimard, 2006)

 

Dans la chambre d'hôpital, je suis resté près de Paule des jours entiers. J'apportais des brassées d'anthémis jaunes, lui parlais des soirs de Gand, de la plage d'Ostende et de celle de Zoosten, des statues millénaires du Nemrud Dag pointées dans le matin vers le levant, de sa peau, de son ventre, du blond de ses cheveux.

 

L’auteur des deux admirables romans, Les âmes grises et Le rapport de Brodeck, signe dans ce premier récit le vécu intime d’un deuil amoureux. Un récit de souffrance où la nostalgie du paradis perdu se mêle aux brumes du nord avec infiniment de pudeur et de poésie.

04:16 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Philippe Claudel | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

01/10/2012

Christian Signol

10387.jpgChristian Signol, Une si belle école (Albin Michel, 2010)

Ce roman est un hommage émouvant à la vocation des enseignants en milieu rural: leur passion de transmettre des valeurs, une culture, un bagage - surtout auprès des enfants défavorisés ou marginaux, promis au désespoir de leurs parents - dans un environnement peu préparé à cette appréhension de l'avenir. Emboîtant les pas d'une institutrice de village - et de son futur époux - nous suivons l'évolution de cette école qui passe de l'âge de la craie et des encriers à celui des feutres et des ordinateurs. Véritable journal d'une époque, entre 1954 et 1989, avec des difficultés qui s'estompent et d'autres qui voient le jour, ce livre est aussi une magnifique histoire d'amour qui puise toute sa sève dans cette passion commune d'éduquer et d'instruire par des chemins souvent ingrats, exposant à des bonheurs inattendus mais aussi à une grande solitude intérieure, face à ceux qui, de réformes en contre-réformes, élaborent un système scolaire pour tous et ne privilégient plus l'approche pédagogique de chacun, défendue par notre couple d'instituteurs, jusqu'au bout. Une évocation poignante, chaleureuse et poétique, ravivant nos souvenirs d'enfance comme les délicieux crépitements d'un feu de bois. A offrir à tous nos amis enseignants: ils le méritent bien!

également disponible en édition de poche (coll. Pocket, 2012)

Du même auteur, parmi une trentaine de romans, ne manquez pas de lire Les cailloux bleus (1984), Les menthes sauvages (1985) et Marie des brebis (1989) parus en coll. Pocket. Trois petits chef d'oeuvres... 

06:46 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |